Collection: The Drawing Centre Show
Photo : Rebecca Fanuele © Consortium Museum
Il y eut un ouvrage collectif de la série The Drawing Centre – Family1 qui rassemblait une soixantaine d’artistes et dessinateurs occasionnels ou motivés dans un succédané du défunt Permanent Food. Il y a une exposition ainsi titrée qui rassemble 62 artistes choisis par 4 curateurs (dont deux artistes, aussi invités à participer) à raison de 15 artistes par sélectionneur.
Le mode était à la sauce composite, alignant le correct du genre (ou fluidifié), de l’origine et des styles extravagants, permettant ainsi un panorama chatoyant, embarrassant, sérieux et décomplexé où le dessin à la mine de plomb est secoué par les couleurs et collages, découpages et trucs en plume...
Chacune et chacun a fait preuve de style : Joe Bradley a joué l’outsider et le célèbre, le dilettante.
Seungduk Kim a construit sa liste par moitié : la première renoue avec nostalgie et émotion avec la famille, les consortium connexions, quand la seconde moitié part en exploration au large.
Tobias Pils s’est plu au particularisme local, piochant à Vienne les figures tutélaires et les locaux.
Franck Gautherot s’est fixé la charge du genre, n’invitant que des femmes.
Dire la règle du jeu vient à justifier une certaine légèreté – le papier imprimé, l’est à partir de fichiers numériques et est présenté sans autre forme de bienséance sur les murs des trois salles proposées.
Sans noms, sans référence à l’invitant, les dessins sont distribués selon la règle du premier reçu, premier accroché et ainsi de suite.
Le mur d’entrée porte la litanie des 62 noms d’artistes. Un plan dit qui est quoi et qui a fait quoi.
Dans le tréfonds des âges de la puberté du Consortium, la distinction était au mimétisme du travail de certains artistes « conceptuels », formant une ronde d’expositions à concept (comme on disait d’un « concept album ») : Présence discrète, 1983 ; Une autre affaire, 1989 ; Pièces au sol, 1993; Country Sculpture, 19942...
Une règle du jeu, sans les chichiteux plaisirs français du cadavre exquis et autre falbalas rances, propose aux quatre complices de choisir chacun 15 artistes à qui il a été demandé d’envoyer trois dessins sous forme de fichier numérique (pdf, tiff, jpeg) en bonne définition publiable à la taille choisie par les artistes de A1 à A4.
Les dessins imprimés sont punaisés à même le mur dans l’ordre d’arrivée.
Si possible, un autre tirage sera disponible à l’achat, un seul en tous les cas.
Pas de nom, pas de signature, des images.
Pas de transport, pas d’assurance.
Comme un souvenir de toutes ces histoires de mail art, d’expositions par fax, de Telephone Bilder (Moholy-Nagy !), du trafic des multiples de Vasarely, de l'œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique3 , des vrais-faux Warhol en sérigraphie bootleg prolongée par le studio ou des affiliés mystérieux4…
Ici, pas d’espérance de démocratisation ni d’utopie décorative, la seule exaltation est de réunir des artistes de toute nature pour un petit voyage imprimé en mood board étendu.
De faire se côtoyer les propositions les plus diversifiées, dans les formats présélectionnés, au hasard des rendus, alignés par le médian pour un aller simple dans le gras des géographies multiples.
Que le particularisme viennois en soit l’épitomé n’est guère plus significatif que tout autre éventualité non-occidentale, genrée ou familiale !
Il reste une fantasia discrète, peu pétaradante mais un brin funky…
— Franck Gautherot & Seungduk Kim
- La collection The Drawing Centre, publiée par Les presses du réel, dirigée par Seungduk Kim & Franck Gautherot, s’attache à publier des dessins d’artistes. Une série monographique, lancée en 2019, a déjà livré Michael Scott, He Tried to Swallow the World, 2019 ; Steve DiBenedetto, Chromatic Oblivion, 2020 ; matali crasset, les Trognes, 2020 ; Xavier Veilhan, Today’s Specials, 2021 ; Christophe Brunnquell, Photographies, 2021. Son pendant, collectif, la sous-série The Drawing Centre – Family a rassemblé les contributions d’une soixantaine d’artistes et alii dans le bien nommé Permanent Flood, 2020. Le présent ouvrage s’inscrit dans cette catégorie.
- Cette série d’expositions à « protocoles » est à retrouver dans les pages de : Xavier Douroux, Franck Gautherot, Eric Troncy, Compilation, une expérience de l’exposition, Les presses du réel, 1998. Présence discrète, pages 107-123, Une autre affaire, pages 237-324, Pièces au sol, 1993, pages 359-367, Country Sculpture, 1994, pages 373-384.
- Walter Benjamin, « L'Œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique », (Das Kunstwerk im Zeitalter seiner technischen Reproduzierbarkeit), Zeitschrift für Sozialforschung (5e année, 1, 1936, p. 40-68) à Paris à la Librairie Félix Alcan.
- Les grandes séries warholiennes des Marilyn, Flowers, Campbell’s Soup Cans produites dans la base new-yorkaise de l’artiste, référées sous le nom de Factory Editions ont connu des prolongations semi-officielles et semi-validées en Belgique par l’atelier Sunday B. Morning à partir de 1970 en 250 exemplaires. Elles sont tamponnées au verso à l’encre noire Published by Sunday B. Morning – fill in your signature. L’accord avec Warhol ayant fait long feu, et il existe de rares exemplaires portant la mention manuscrite This is not by me. Andy Warhol.
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